Je m’appelle Jill, j’ai 22 ans et j’habite à Lyon. Après un Bac L, opt. arts plastiques, plusieurs années en fac de cinéma, pas mal de petits boulots, beaucoup trop de sous dépensés pour mon permis de conduire et une attente interminable lors de la recherche de famille d’accueil américaine, j’ai matché* le 15 octobre 2010.
Six semaines plus tard j’ai atterri à New York direction Stamfort, CT là où nous étions avec plus de 60 au pairs venues du monde entier. La Training School* a duré 4 jours après lesquels nous avons chacune rejoint nos familles respectives. Je suis arrivée le 2 décembre 2010 à l’aéroport de San Francisco. Mon host dad* est venu me chercher. Après 20 minutes nous sommes arrivés chez ma host mom*.
La famille que j’ai choisi était très atypique. Je m’occupais de 2 garçons de 2 et 10 ans. Les deux enfants avaient la même mère mais deux père différents. Je vivais chez la mère et travaillais un jour chez elle, un jour chez le père du plus petit. Mon host dad était gay, les deux parents étaient meilleurs amis et ont choisi de faire un enfant ensemble.
Je n’ai jamais été homesick*, je me suis adaptée à leur mode de vie plutôt rapidement. J’habitais dans un petit appartement de Mission, quartier hispanique de San Francisco. Tout était tellement différent mais tellement génial que même les pires moments que je vivais, était chouettes.
Mon quotidien était dur, je n’avais pas une minute à moi. Je n’avais pas de voiture et me déplaçais essentiellement à pied avec la poussette du petit. Un rythme se met en place rapidement, ce qui n’est pas forcement une bonne chose pour tout le monde. Personnellement, je n’ai pas accroché de ce côté là. J’avais cependant la chance d’être en ville, mes amis n’habitaient jamais très loin de chez moi
On a tendance à vouloir se faire des amis américains, je m’en suis fait quelque uns, cela dit, j’ai principalement fréquentés des au pairs et notamment des françaises. C’est important de continuer à parler notre langue. Non pas que l’on risque de l’oublier, mais croyez moi, pouvoir s’exprimer tel qu’on le souhaite, sans réfléchir pendant des heures à la bonne traduction ou tout simplement faire de l’humour, des jeux de mots, est une chose cruciale pour le moral mais également pour notre vie sociale là bas.
Quand bien même tous les jours étaient calqués sur un schéma très régulier, dès que l’on s’attardait sur mon emploi du temps, on se rendait vite compte que rien n’était vraiment stable. Pour une au pair en tous cas. Mes deux hosts se détestaient, ils ne parlaient pas, jamais, à part des e-mails pour savoir qui gardaient le petit pendant les vacances et/ou fêtes. J’étais le seul lien entre eux et leur fils de 2 ans. J’avais l’habitude de faire passer des messages, ou bien tout simplement de dire si le petit avait déjà pris son bain lorsqu’il était chez le père ou des détails du même genre.
Ils ont commencé, et ce de manière régulière, à me demander des informations personnelles sur l’autre parent. S’il/elle lavait les vêtements correctement, comment il/elle nettoyait les biberons ou ce qu’il/elle avait donner à manger au petit la veille parce qu’il était malade le lendemain. Choses qui, forcement, ne m’ont pas mis à l’aise. Début avril, mon host dad m’a demandé de signer un papier, attestant plusieurs choses qui lui aurait permis, devant un tribunal, d’avoir la garde exclusive du petit de 2 ans. Ma host se voyant retirer la garde de ses deux garçons. Je n’ai rien signé mais ait demandé un rematch* après 5 mois dans la famille. J’ai trouvé une nouvelle famille 2 jours après que m’ont rematch ait été officialisé avec Au Pair in America. À la fin du mois d’avril j’ai déménagé à Denver dans le Colorado dans une famille aux antipodes de la précédente. J’ai tenu 7 jours. Ils ne me correspondaient pas, moralement, politiquement même humainement nous étions différents. Je n’ai pas voulu faire d’effort d’adaptation, je savais que ça ne servait à rien.
Je voulais retourner à San Francisco dans l’ancienne famille, avec mes amis et mes habitudes. Je les avais quitté mais je les adorais malgré tout. J’avais mon ancienne host mom tous les jours au téléphone et on a décidé d’un commun accord que j’allais revenir travailler pour elle. J’ai pris mon billet d’avion pour San Francisco le lendemain, racontant à la famille de Denver, que je devais rentrer en France immédiatement à la suite d’une urgence familiale.
Le problème étant que mon ancienne famille avait été exclue du programme au pair, j’étais donc une au pair “légale” dans une famille “illégale”. Il fallait trouver une solution rapidement. Après avoir dit la vérité à la famille de Denver, on a décidé avec ma host mom de San Francisco que j’allais rentrer en France, annulant ainsi mon visa J-1 et ensuite revenir passer l’été avec eux en touriste, l’aidant évidemment avec les garçons.
Je rappelle tout de même qu’il est totalement interdit de travailler avec le statut touriste. Je lui demande si elle est sûr d’elle, si ni l’une ni l’autre ne risquons quoi que ce soit. Elle propose de payer mes billets d’avion. Je réserve en ligne, elle m’aurait remboursé par la suite. J’annonce à Au Pair in America mon souhait de rentrer en France. Billets réservés pour la semaine suivante.
Je suis arrivée sur le sol français dans la journée du 14 mai 2011. Arrivée à l’aéroport Charles de Gaulle, l’affaire DSK monopolisait toutes les conversations et chaines de TV. J’avais prévu de rester deux semaines à Lyon sauf que cinq jours après mon arrivée je reçois un e-mail de ma host mom de San Francisco me disant que je ne pourrais pas revenir travailler pour elle. Elle allait engager une autre au pair, copine à moi, sensée me remplacer en septembre. Sa raison ? Ce n’était pas très sage que je revienne travailler pour elle sans visa adéquat.
J’ai été très énervée contre elle pendant un moment, me demandant pourquoi elle ne m’avait pas dit ça avant que je parte. J’aurais pu au moins reprendre mes affaires, laissées à San Francisco pour finir mes trois mois. Évidemment que la situation allait être bien plus simple pour elle. Nous nous sommes envoyés, en l’espace de dix jours, l’équivalent de 20 ou 30 e-mails par jours pour régler ce “détails” : Comment mes affaires allaient revenir jusqu’à moi.
Elle propose de me les renvoyer par la poste. Soit. Elle n’a jamais voulu me rembourser mes billets d’avion, que je n’ai pas pu me faire rembourser soit dit en passant.
Pour ce qui est des affaires, nous somme le 11 juillet, je n’ai toujours rien reçu. Pire, elle n’a toujours rien envoyé. J’ai été obligé de prendre les choses en main. J’ai demandé aux parents d’une amie au pair à moi, en vacances à San Francisco, de me ramener mes affaires. Ils vont normalement le faire. Plus facile pour tout le monde. Affaire à suivre.
Je suis restée 6 mois aux US. J’ai voyagé dans 4 villes, rencontré beaucoup de gens, mangé plein de choses variées, parlé français, anglais et italien voire un peu de langue des signes, j’ai rigolé, pleuré, me suis disputé en anglais, passé beaucoup de temps sur skype, écrit des tonnes de lettres , payé beaucoup trop cher mes fruits et légumes, prêté mon épaule moults fois, été à des concerts, vu le Super bowl sur un écran géant, fait Noël dans un restaurant Indien, croisé la baby sitter de mes 8 ans par hasard dans la rue, passé des super soirées avec mon amoureux, mangé trop de cookies de chez Hot Cookie le-meilleur-magasin-de-cookies-du-monde, rentrée trop tard à ne plus être capable de me lever le lendemain, découvert un tas de films, assisté à des concerts géniaux, changé trop de couches, travaillé plus de 45h/semaines, été beaucoup malade, testé les urgences américaines, payé trop cher le métro, eu envie d’un vrai repas équilibré, fait la vaisselle de mes hosts, ne pas avoir eu d’intimité pendant 6 mois, attendre que tout le monde parte pour écouter ma musique, ne pas pouvoir regarder une série à la TV sans passer outre les 5 coupures PUB, ne pas pouvoir sortir avec mes copines de moins de 21 ans, devoir toujours calculer les tips*, être toujours payée en retard, n’attendre que le weekend, la sieste ou les fins de journée, redouter les lundis matins et les jours sans école. Je m’arrête là, la liste est trop longue.
Être au pair, c’est loin d’être drôle. C’est avant tout un travail, on nous demande de la rigueur, du temps mais également de l’anticipation et de l’investissement. Pour celles qui pensent partir en vacances, tracez votre chemin : cette aventure n’est pas pour vous.
Vous allez vivre le quotidien d’une famille américaine pour le meilleur et pour le pire. J’ai adoré ces quelques mois passez chez l’oncle Sam, je n’ai pas eu l’histoire la plus heureuse qu’il soit, mais je n’ai pas chômé et je suis fière de tout le chemin que j’ai parcouru jusque là.
J’ai eu des moments pas faciles, pendant lesquels j’ai eu besoin d’aide. Jeanette (directrice du French American Center de Montpellier) m’a énormément aidé lorsque j’ai demandé le rematch et encore récemment lorsque j’essayais de récupérer mes affaires restées à San Francisco. S’il vous arrive quelque chose, si vous avez des questions ou voulez une confirmation, il ne faut surtout pas hésiter à demander de l’aide, des conseils ou suggestions, tout est bon à prendre. Les amis étant systématiquement de notre côté, pas assez impartiaux et peu informés des règles à suivre, il est préférables, en premier lieu, de demander conseils aux counselors ou à votre interviewer français (Jeanette dans mon cas). Ils sauront vous aiguiller ou à défaut vous envoyer vers une autre personne qui elle, saura quoi faire.
Quelque soient vos motivations, inspirations ou but, je vous conseille de tenter l’aventure. Ne serait-ce que pour la personne que vous allez devenir par la suite. Les 12 mois que vous passerez aux USA seront loin d’être les plus faciles de votre vie, mais ils feront de vous une personne nouvelle, sûre et fière d’elle, ouverte aux autres, n’ayant plus peur de demander son chemin à des inconnus, capable de parler anglais en public, de gérer des situations stressantes, délicates voire à grosses responsabilités. Vous gagnerez la maturité que d’autres mettront une vie à avoir. Vous vous auto-éduquez, puisqu’aux USA, quoiqu’on vous dise, vous serez seules, personne peut vivre cette année à votre place. Bien sûr, counselor et hosts parents sont là pour vous aidez mais libre à vous d’agir pour que tout aille pour le mieux. N’attendez pas que l’on vous propose des choses, provoquez les.
Gardez seulement en tête que cette année, n’est pas la “vraie vie”. Tôt ou tard vous retrouverez la vie que vous avez laissé quelques mois avant. Le retour est encore plus dur que le départ, malheureusement il fait parti du cadeau. Soyez juste préparées à ça tout en profitant à votre année autant que vous le pouvez.
Allez vivez au Pair in America !
Jill
Bonjour,
En lisant ton article je me rend compte que tu es restée 6 mois aux Etats-unis, c’est donc possible de rester 6 mois et non 1 an obligatoire comme la durée du VISA ?
Merci d’avance pour ta réponse.
Bonjour,
Pour le programme Au Pair in America, il faut rester 12 mois au minimum.
The French American Center
Bonjour,
En cas d’urgence, il est donc possible d’écourter la durée du séjour ?
Merci pour d’avance pour votre réponse
Bonjour,
Cela est possible – la notion d’urgence est relative est sous accord tripartie (famille, organisme,vous)
Cordialement,
French American Center